Commissaire Art & Régénération
ENTRELACS, histoires de vies
Notre exposition aux Salins des Pesquiers à Hyères, invitée par le Conservatoire du Littoral, est un hommage à l’histoire de ce site exceptionnel. De son passé industriel salicole jusqu’à sa renaissance en sanctuaire pour le vivant sauvage, hybride par-delà nature et culture.
Au fil de l’exposition, on est invité à tisser des liens sensibles, d’abord avec les hommes et les femmes qui pendant des décennies y ont extrait le précieux cristal qui se forme entre terre et mer, mais aussi avec le vivant non-humain qui peuple désormais ces lieux préservés de l’extraction.
​
Artistes : Claire Tingaud, Flora Kuentz, Bob Bourbon, Tamara Morisset, Fabrice Serafino, Tobie Chevallier, u2p050
​
Un tissage du territoire
Cette exposition collective, entièrement éco-conçue, présente les œuvres de 7 artistes, designers et artisans qui ont entrelacé leurs techniques (tressage, vannerie, tissage, sculpture, mobilier, création sonore...) et travaillé ensemble pour mener les visiteurs sur un sentier de régénération inspiré du vivant et des ressources locales.
Entrelacs est une expérience de communion artistique avec le vivant et un regard sur notre appartenance à un écosystème fragile et sublime.

Extraction / Régénération
Le Salin des Pesquiers porte en son nom un passé doublement extractif. On y pêcha le poisson (les “pesquiers” sont des pêcheurs), on y ramassa le sel. Du milieu du XIXe siècle jusqu’en 1995, des tonnes de sel marin cristallisent dans ses partènements. Les œuvres de l’exposition (Fabrice Serafino, Bob Bourbon, Claire Tingaud) rendent hommage aux saliniers de l’ère industrielle qui ont œuvré sur ces lieux, pour que leur souvenir ne s’évapore pas avec l’eau des bassins.
Une légende née dans le Proche-Orient antique associe le sel à l’appauvrissement des terres. Dans le Livre des Juges (9:45) Abimélec, furieux guerrier, anéantit la ville de Sichem et ses habitants, avant de saler les terres pour que jamais rien n’y repousse. Aujourd’hui encore, le sel s’utilise comme herbicide naturel.
C’est donc pour faire mentir la légende que maintenant, 30 ans après la fin de toute activité salinière, ce double-tombolo de plus de 500 hectares est l’une des réserves de biodiversité les plus importantes de France, abri pour plus de 200 espèces d’oiseaux migrateurs, 300 espèces de plantes dont 10 protégées au niveau national.

Poème d'accueil
Le texte suivant, écrit à la main et à l'"encre des marais", cette pâte ultra sombre, découverte par l'artiste Claire Tingaud au fond des bassins d'évaporation, et chargée du carbone salé de micro-organismes en décomposition :
"Les machines se sont tues, les sauniers sont partis. L’industrie du sel n’était plus assez rentable. Elle laisse derrière elle des vestiges, des souvenirs qui font place à de nouveaux sons, de nouveaux hôtes, à une trêve dans cet espace hybride, qui préfigure peut-être une paix entre les vivants.
7 artistes, artisans, designers, se sont réunis pour entrelacer leurs pratiques et leurs œuvres avec le territoire. Sur cette trame se joue un acte nouveau, porté par des gestes anciens, humbles et patients : glaner, filer, tresser ; des sons, des fibres ou des métaux, le paysage est leur medium.
Ensemble, ils assemblent le nid des vies à venir dans un élan d’espoir, d’optimisme et d’amour."
